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« Maman ! Y a Jade elle veut pas me prêter la poupée. » « Ce n’est pas grave ma puce, prend en une autre. » « Non, c’est toujours elle qui là. » Les chamailleries entre les deux jumelles n'étaient pas récentes, bien au contraire. Elles se disputaient souvent pour leur jouet. Dès que Jade prenait une poupée, Léonie voulait celle-là. Et inversement. C'était comme cela pour tous les gamins, et les deux fillettes n'échappaient pas à la règle. Et comment toujours, on appelait maman en renfort. « Allez Jade, prête la poupée à ta sœur, elle joue avec cinq minutes et elle te la rend après. » « Non, elle va pas ma le redonner. » « Je te dis que si. » Ne voulant pas céder, c'est dans les mains de maman que la poupée se retrouva. « Vous savez quoi, vous allez faire sans. » Les deux sœurs se regardaient méchamment, en voulant à l'une et l'autre de cette confiscation. Mais tout ça ne dura pas bien longtemps. Comme à chaque fois, elles terminaient toujours pas s'amuser ensemble. Rien ne pouvait les séparer, et encore moins une poupée.

En grandissant, elles se sont rapprochées tout en s'éloignant. Oui, c'est bien possible. Elles s'éloignaient par le fait qu'elles n'avaient plus vraiment les mêmes goûts. Depuis qu'elles étaient petites, Jade était celle qui était plus coquette, n'aimant pas avoir les mains sales ce qui ne dérangeait pas du tout Léonie qui adorait aller gratter dans la terre. Jade prenait toujours soin de son apparence, beaucoup plus que Léonie qui était un peu plus garçon manqué. Mais elle était tout de même féminine, juste un peu moins que sa jumelle. En effet, alors que Jade passait son temps à lire des magazines de modes et faire tout pour ressembler à ces mannequins que l'on voit, Léonie préférait faire du sport, notamment du judo et du rugby. En revanche, bien que les deux avaient des goûts contraires, elles étaient restées très proches. Il ne pouvait pas se passer une journée sans qu'elles se parlent, se voient ou rigolent ensemble. Elles pouvaient se dire les pires méchancetés sous le coup de la colère, elles finissaient toujours par se serrer dans les bras. Inséparables, elles faisaient -presque- tout ensemble. Personne n’avait le droit de faire de la peine à l’une sans que l’autre s’en mêle. Elles étaient proches, mais si différentes. Elles étaient proches, peut être un peu trop.

« Elle est où Jade ? » Léonie venait à peine d'ouvrir les yeux qu'elle demandait déjà sa soeur. Elle se trouvait allongée sur un lit d'hôpital et la seule personne qui était à son chevet se trouvait être son père. Bien qu'elle le considérait comme son héros -et cela depuis toujours- elle ne voulait pas voir sa tête à lui, mais celle de sa sœur. Elle s'apprêtait à se relever quand son père l'en empêcha. « Ma puce, reste allongée. Tu as eu une grave opération, il faut que tu te reposes. » Elle ne se souvenait pas de tout, mais elle se rappelait s'être fait renversée par une voiture alors qu'elle faisait du jogging avec Jade. Ensuite trou noir. « Elle a été touché elle aussi ? » Elle n'avait pas besoin de préciser, son père savait de qui elle parlait. Il fit signe que non de la tête tout en confirmant avec ses mots. « Non, la voiture a réussi à l'éviter. » Un sourire se dessina sur les lèvres de Léonie qui était rassurait que sa sœur n'ait rien. Mais ce sourire s'estompa aussi tôt quand elle remarqua la tête de son père, et les larmes qui lui montaient aux yeux. « Papa, elle est où ? » Son père ne réussissait pas à garder ses larmes emprisonnaient dans ses yeux, il fallait qu'elles sortent. Respirant un bon coup, prenant son courage à deux mains, il devait lui dire. « Tu étais entrain de mourir ma puce.. Tu respirais grâce à une machine, il te fallait un cœur. Elle t'as... C'est pas facile chérie... Elle sera toujours avec toi maintenant. Jade fait partie de toi; » Sur ces mots, il éclata en sanglot alors que les larmes coulaient le long des joues de Léonie. Elle avait comprit bien qu'il n'avait pas été très explicite. Elle en voulait à sa sœur d'avoir fait ça, de s'être tuée pour lui donner son cœur. C'était égoïste de sa part. Elle n'avait aucune envie de vivre sans elle, elle aurait préféré mourir que de vivre sans Jade. D'ailleurs, elle a souvent pensé à mettre fin à ses jours elle aussi. Mais à la place, elle s'est mis dans le crâne de réaliser le rêve de sa sœur : devenir mannequin, même si pour cela elle allait devoir faire beaucoup de sacrifices.


Après la perte de sa sœur, elle a décidé de quitter Toulouse pour aller vivre à Paris, ville très réputée dans le monde de la mode. Si elle avait une chance de réaliser son rêve, c'était bien là bas. Elle y alla donc seule, pour ses études. Elle s'est inscrite dans une école de mannequinat. Elle a du perdre plusieurs kilos pour pouvoir y entrer et doit faire attention à sa ligne pour y rester. On ne peut pas vraiment dire qu'elle aime ce qu'elle fait, défiler, poser pour des photos. Pour être franche, elle déteste ça. Si elle le fait, c'est bien pour Jade.


Il se levait déjà pour se rhabiller. Elle aurait penser qu'il allait passer la nuit avec elle, mais apparemment elle s'était trompée. Et sa surprise fut encore plus grande quand il lui balança des billets sur son lit. « C'est quoi ça ? » Avait-elle demandé en montrant l'argent de la tête. Elle était totalement perdue et ne savait pas vraiment quoi penser. « Quoi ? C'est bien ce qu'il se passe d'habitude. On m'a dit que t'étais une pute, je voulais voir si tu valais vraiment le coup et en fait, c'était vraiment pas terrible. Tu ferais mieux d'accepter le fric parce que je pense qu'un autre homme sera prêt à te payer pour ça. » Elle était choquée, mais surtout se sentait vraiment conne de s'être fait avoir par lui, elle qui pensait que ses sentiments étaient réciproques, elle s'était bien trompée. Il avait bien joué son jeu. Sur le coup, elle n'arriva pas à sortir un seul mot, un seul son. Comme si sa gorge s'était fermée. Elle le regarda terminé de s'habiller pour ensuite partir de chez elle, tout ça les larmes aux yeux. Elle avait passé la plus belle nuit de sa vie, et sa première nuit avec un garçon par la même occasion, et voilà qu'elle se retrouvait comme une conne seule, avec une liasse de billets. Billets qu'elle ne compter pas garder.

Ils s'étaient rencontrés quelques jours après l'arrivée de Léonie à Paris, en cours. Ils suivaient tout les deux des cours de mannequinat. Lui qui avait toujours vécu à Paris s'était proposé comme guide. Maintenant, elle savait pourquoi il s'était montré aussi gentil avec elle. Elle avait passé les plus beaux mois de sa vie, tombant de jours en jours un peu plus amoureuse de lui. En pensant que c'était réciproque. Elle avait toujours été naïve. Depuis cette fameuse nuit, il s'amuse à l'humilier, lui causer des problèmes. Il fait tout pour la faire souffrir, qu'elle se sente mal et n'y va pas avec des pincettes. Elle subit, se laissant souvent faire, ripostant quelques fois. Elle se dit qu'il arrêtera quand il en aura marre. En espérant qu'il en ai marre... un jour.

La vie à Paris ne s'annonce pas si facile que ça.